ENS LSH - Colloque - Pour une histoire critique et citoyenne, le cas de l’histoire franco-algérienne

Pour une histoire critique et citoyenne
Le cas de l’histoire franco-algérienne

20, 21, 22 juin 2006


BADER Raëd

Maison méditerranéenne des Sciences de l’homme

Noirs en Algérie (XIXe-XXe siècles)

Session thématique « Sociétés : scènes et acteurs »

Mardi 20 juin 2006 - Après-midi - 14h30-16h30 - Amphithéâtre

Résumé de la communication

Le recensement des populations noires en Algérie, libres ou esclaves, pour les deux derniers siècles, varie beaucoup d’une source à l’autre : 8 000 esclaves noirs sur l’ensemble du territoire algérien, selon un rapport officiel en 1845 ; 18 329 renchérit, dès 1848, un nouveau rapport à l’occasion de l’abolition de l’esclavage. Le même document estime que plus de 3 000 individus sont acheminés annuellement en Algérie. Or, l’abolition ne met pas fin à la traite dans la principale colonie française. Vers 1880, l’administration militaire recense encore 2 000 esclaves africains qui transitent chaque année au Mzab.

L’Algérie reste le pays d’Afrique du Nord qui a accueilli le plus petit nombre d’esclaves noirs, si l’on se réfère aux estimations de la traite transsaharienne : 65 000 entrées en Algérie de 1700 à 1880 contre 100 000 en Tunisie, 400 000 en Libye, 515 000 au Maroc et 800 000 en Égypte. Aujourd’hui, la population d’Algérie compterait environ 5 % de Noirs - un million selon l’estimation de Tingé Coulibaly en 1979 -, soit la plus faible proportion des pays du Maghreb. La plupart vivent au Sahara, et leur nombre diminue progressivement en direction du nord.

Mais le nombre des esclaves et de leurs descendants en Algérie importe moins que ce qu’ils révèlent du fonctionnement de l’État et de la société en situation coloniale et postcoloniale. Les autorités françaises - impériales et républicaines - ont plus que toléré la continuité de la traite arabe après 1848. L’importation de main-d’œuvre africaine en Algérie est même débattue à la Chambre des Pairs en 1856. Le projet consistait à faire travailler 100 000 Noirs dans les colonies agricoles. Il est finalement rejeté mais les caravanes continuent à faire entrer clandestinement des esclaves depuis le sud jusqu’aux villes littorales. Ils sont surtout domestiques chez les notables algériens mais certains travaillent aussi dans les fermes des colons.

Il s’agit donc de dévoiler l’existence ou pas d’une communauté noire en Algérie. Que signifie être « Noir » dans l’Algérie des XIXe et XXe siècles ? Quelle place occupent-ils dans la société occupante et occupée, ou à l’écart de celles-ci ? Sont-ils parvenus à former un nouveau groupe malgré leurs origines diverses en Afrique subsaharienne ?

Bibliographie sélective

-  BLIN L., « Les Noirs dans l’Algérie contemporaine », Politique Africaine, 30 juin 1988.

-  COULIBALY T., « La communauté noire en Algérie : une minorité oubliée au sein d’un peuple à l’élan révolutionnaire confisqué », Peuple noirs, peuples africains, n° 9, mai-juin.

-  DAUMAS E., Le Grand Désert, Paris, 1848.

-  DERMENGHEM E., « Les confréries noires en Algérie (Diwans de sidi blal) », Revue Africaine, n° 97, 1953.

-  LESELLE R., Les Noirs du Soûf, Alger, Impr. Imbert, 1957.

-  LIAUZU C., Race et civilisation - L’Autre dans la culture occidentale, Paris, Syros, 1992.

-  SCHOELCHER V., Histoires de l’esclavage pendant les deux dernières années, Paris, Pagnerre, 1847.

Publications

-  en collaboration avec A. Kudo et D. Guignard, « Des lieux pour la recherche en Algérie », Bulletin de l’institut d’Histoire du temps présent, CNRS, n° 83, juin 2004.

-  en collaboration avec A. Kudo et D. Guignard, « Un terrain algérien pour la recherche », Revue Vingtième Siècle, janvier-février 2003.

-  « L’esclavage dans l’Algérie coloniale , 1830-1870 », Revue d’Histoire Maghrébine, n°93-94, 1999.



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