ENS LSH - Colloque - Pour une histoire critique et citoyenne, le cas de l’histoire franco-algérienne

Pour une histoire critique et citoyenne
Le cas de l’histoire franco-algérienne

20, 21, 22 juin 2006


HENNI Ahmed

Université d’Artois

Le système fiscal colonial et la dynamique d’identification communautariste en Algérie entre 1830 et 1918

Session thématique « Le soubassement économique »

Mardi 20 juin 2006 - Matin - 9h45-11h45 - Salle F 05

Résumé de la communication

L’analyse de la fiscalité et de la politique budgétaire coloniale en matière de dépenses fait ressortir qu’entre 1830 et 1918 un principe de communautarisation a été mis en place en Algérie, installant pour une longue période une pratique d’administration séparée sur des bases officielles d’identification ethnique.

La « communauté indigène », composée essentiellement d’agro-pasteurs, si elle a été la première à contribuer aux finances publiques, a été la dernière servie. L’autorité publique a institutionnalisé un système utilisant la médiation du politique pour transférer collectivement des ressources d’une communauté à l’autre. Si un tel système a permis de maintenir en place les notabilités de commandement locales en leur attribuant des fonctions de collecte de l’impôt, reproduisant en cela certains traits historiques antérieurs à la colonisation, il a, en même temps, faute de retour sous forme de service public de leurs recettes aux payeurs, fait apparaître ces notabilités - et l’administration - comme des éléments purement répressifs au profit d’un colonat identifié ethniquement comme communauté d’Européens.

Dès lors, on peut y voir l’une des raisons du détournement des populations algériennes de leurs propres notabilités historiques ainsi démonétisées. Elles chercheront, de ce fait, le chemin de leur émancipation sous la conduite d’autres médiateurs, principalement issus du sous-prolétariat qui sauront combiner l’opposition ethnique aux colons, l’opposition politique à l’administration et l’opposition sociale aux notabilités musulmanes. À ce résultat s’en ajoute un autre : après une si longue tradition, l’administration algérienne ne pourra pas avant longtemps apparaître comme une instance de médiation ou de service public. Elle donnera toujours l’image, jusqu’à nos jours, d’un fondé de pouvoir gérant privativement l’État au bénéfice de « rentiers » et au détriment des véritables « payeurs ».

Publications

-  « La constitution algérienne de 1989 ou le pari d’un ajustement par la démocratie » in La démocratie et le marché, ouvrage collectif, Paris, L’Harmattan, 2003.

-  « Bulle financière ou nouveau stade du développement capitaliste ? », Les Temps Modernes, Paris, septembre-octobre 2001, repris dans Problème économiques, février 2002.

-  « Production des élites économiques : élites gestionnaires et élites missionnaires », in La gestion des entreprises. Contexte et performances, R. Zghal (éd.), Tunis, Centre de publication universitaire, 1998.

-  « La naissance d’une classe moyenne paysanne musulmane après la Première Guerre mondiale », Revue française d’histoire d’outre-mer, 311, 1996.

-  « Économie parallèle ou société parallèle », Politique africaine, 60, 1995.

-  « Le capitalisme de rente. Nouvelles richesses immatérielles et dévalorisation du travail productif », Les Temps modernes, septembre-octobre 1995.

-  « Industrialisation et classes industrialisantes ou de la réversibilité de l’industrialisation », Naqd, 5, 1993.

-  « Prodromes de l’État mondial », Peuples méditerranéens, 1992.

-  Le Cheikh et le Patron, Alger, OPU, 1993.

-   Essai sur l’économie parallèle. Cas de l’Algérie, Alger, ENAG, 1991.

-  Économie de l’Algérie indépendante, Alger, ENAG, 1991.

-  État, surplus et société en Algérie avant 1830, Alger, ENAL, 1984.



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