ENS LSH - Colloque - Pour une histoire critique et citoyenne, le cas de l’histoire franco-algérienne

Pour une histoire critique et citoyenne
Le cas de l’histoire franco-algérienne

20, 21, 22 juin 2006


RENARD Michel

Université Vincennes-Saint-Denis-Paris 8

La religion musulmane en France (XIXe-XXe siècles)

Session thématique « Religions et statuts personnels »

Mardi 20 juin 2006 - Après-midi - 14h30-16h30 - Salle F 106

Résumé de la communication

La présence musulmane en France est l’enfant de la conquête coloniale de l’Algérie. Des prisonniers de l’île Sainte-Marguerite, entre 1841 et 1884, aux premiers émigrés kabyles d’avant 1914 et jusqu’aux contingents de Nord-Africains des années 1950 et 1960, les Algériens représentent l’élément humain le plus nombreux qui reproduit en exil les pratiques religieuses musulmanes. Sans ostentation et sans le secours de ses clercs savants, l’islam des ouvriers et petits marchands d’Algérie en France s’est exprimé par la prière et les fêtes rituelles, par le jeûne du mois de Ramadan, par la solidarité communautaire, par l’exaltation d’une identité perçue comme momentanément dominée mais riche de son passé idéalisé. Jusqu’au début des années 1970, il est resté massivement un islam du rite et de la foi, plutôt extérieur aux formulations politiques qui étaient accaparées par l’organisation nationaliste - Étoile Nord-Africaine, puis PPA et MTLD, avant le FLN. L’expérience du mouvement des Oulémas en métropole - 1936-1938 - est ainsi restée sans beaucoup d’impact.

Mais l’islam de métropole ne doit pas qu’à l’Algérie. Ses manifestations architecturales, qu’elles soient funéraires ou sanctuarisées avec quelques édifices du culte, relèvent d’initiatives institutionnelles : après l’ambassade ottomane à Paris qui obtient l’enclos musulman et la « mosquée » dans le cimetière du Père-Lachaise (1857), l’armée française est à l’origine d’une attention généralisée aux rituels d’inhumation musulmans à partir de l’automne 1914, et ensuite par la réalisation mémorialo-commémorative des nécropoles militaires et des carrés musulmans dans les cimetières.

La mosquée de Paris, élément phare de l’islamophilie française, trouve ses origines dans le croisement des intérêts diplomatiques de la France en tant que « grande puissance » arabo-musulmane, et des projets de milieux indigénophiles attachés au respect des croyances religieuses des Arabes musulmans qu’ils soient sujets ou protégés du domaine colonial. L’Institut musulman de la mosquée de Paris (1926) s’est incarné, jusqu’en 1954, dans la figure emblématique de Si Kaddour ben Ghabrit, né algérien, entré dans la carrière diplomatique comme agent du quai d’Orsay dès 1892, directeur du protocole du Sultan du Maroc et président de la Société des Habous des Lieux saints de l’Islam, première personnalité musulmane de métropole.



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