ENS LSH - Colloque - Pour une histoire critique et citoyenne, le cas de l’histoire franco-algérienne

Pour une histoire critique et citoyenne
Le cas de l’histoire franco-algérienne

20, 21, 22 juin 2006


SCIOLDO-ZURCHER Yann

École des hautes études en sciences sociales

Existe-t-il une vision pied-noir de l’histoire franco-algérienne ?

Session thématique « Une histoire idéologique ? »

Jeudi 22 juin 2006 - Matin - 9h-11h - Salle F 08

Les rapports sociaux et politiques entre Français et Algériens, tels qu’ils étaient établis du temps de la présence française en Algérie étaient construits à partir d’une lecture historique parcellaire et anecdotique, censée légitimer l’entreprise coloniale. Le coup d’éventail du dey Hussein, la venue des ouvriers de 1848 et des « Alsaciens fidèles » après 1870 et un orientalisme de bon aloi sont autant d’images qui, parmi tant d’autres, ont peuplé l’imaginaire de générations de Français de métropole et d’Algérie[1]. Pourtant, au-delà de ces clichés qui furent longtemps communs aux Français des deux rives de la Méditerranée, les Français d’Algérie avaient aussi établi une vision particulière des rapports entre Français et Algériens. Utilisée à l’envi dans les débats politiques, cette dernière s’est fortement cristallisée au cours de la guerre d’indépendance avant de s’imposer dans la « guerre des mémoires » que se livrent depuis bientôt un demi-siècle les différents protagonistes de la guerre d’Algérie[2]. Peu historique, au sens où elle n’est pas critiquée, ni même confrontée à des archives, cette vision fut construite au travers des discours politiques du temps de l’Algérie française et de la période post-coloniale, mais aussi par un nombre pléthorique d’associations de rapatriés. Comme autant de « communautés affectives », ces dernières ont réussi à homogénéiser les représentations du passé et à créer, au sens où l’entend Maurice Halbwachs, une mémoire collective de groupe[3]. Forte des héritages de la pensée coloniale française et reconstruite à l’aune des enjeux politiques du présent, cette interprétation historique se caractérise par l’idéalisation de l’Algérie française, la victimisation de tout ce qui concerne le rapatriement, ainsi que par l’omission des politiques d’intégration mises en place par le gouvernement français à l’intention des rapatriés. Une telle vision de groupe a gagné en influence et en visibilité après l’indépendance de l’Algérie, et fut d’autant plus encouragée que certains scientifiques, sociologues et historiens, ont apporté leur caution scientifique et morale à cette vision partisane en confondant les notions de mémoire et d’histoire. Ainsi, nous étudierons les caractéristiques de cette vision franco-algérienne telle qu’elle s’est manifestée au cours de la guerre d’Algérie, puis nous tenterons de comprendre comment une vision spécifique a pu essaimer au point d’être érigée en « histoire officielle » par son inscription dans l’article 4 de la loi du 23 février 2005 portant sur « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ».

L’étude de 221 courriers, envoyés entre 1954 et 1962, à des hommes politiques et des personnalités religieuses par des Français résidant en Algérie, illustre les caractéristiques du discours colonialiste[4]. Traces de leurs offuscations, de leurs justifications et des rapports qu’ils entretenaient avec la société coloniale au moment où elle se délitait, ces lettres permettent de montrer combien, plus que des populations françaises nationalisées par les lois républicaines, les Français d’Algérie étaient surtout des Français coloniaux qui justifiaient par tous les moyens, y compris une lecture historique falsifiée, la colonisation de l’Algérie.

Une histoire française glorifiée

Les rapports franco-algériens étaient inscrits en référence à la « tradition pionnière des premiers colons » et à la « mission civilisatrice » de la France dans ses colonies[5]. Symboliquement forte, cette histoire évacuait les violences militaires françaises de la conquête, telles les enfumades, la politique de répression contre les tribus et les confiscations de terres, pour ne conserver que l’histoire mythique du modeste colon défrichant la sardonique terre algérienne. Ainsi, plus de la moitié des lettres consultées affirment que les disparités sociales entre Français et Algériens avaient pour origine, non une colonisation peu productrice d’égalité, mais le savoir-faire agricole français et la mise en valeur des terres de colonisation. « Voilà peut-être que certains ne pardonnent pas aux colons d’avoir créé leur propriété de toutes pièces, aussi bien dans le Nord que dans le Sud », écrivait le 22 juin 1955 à Marcel-Edmond Naegelen, Monsieur O., colon à Tolga[6]. Monsieur C., gros colon de Sétif affirmait le 17 juillet 1956, la même idée, en consignant à Georges Bidault « que son grand-père, en 1850, avait défriché et travaillé durement sur les hauts plateaux ingrats du Constantinois »[7]. Faisant souvent l’unanimité dans notre corpus, ce discours n’était pas uniquement professé par les colons ou les petits agriculteurs. Ancienne ouvrière parisienne venue s’installer en Algérie après son mariage, Madame L. certifiait à l’archevêque de Paris, dans une missive de plus de quarante pages datée du 21 novembre 1961, « que si les vaillants pionniers pouvaient sortir de leurs tombeaux, ils pourraient vous dire ce qu’ils ont dû trimer pour faire de l’Algérie ce qu’elle est devenue, c’est-à-dire que d’une terre ingrate, ils en ont fait une province prospère de la France [...] »[8]. Qu’importait si la colonisation agricole n’avait concerné qu’une minorité de migrants européens, comme le rappelle Daniel Lefeuvre, le souvenir collectif des marais qu’il fallut assécher, leur cortège de maladies, paludisme en tête, les razzias des tribus et les labours fusil en bandoulière traçaient une frontière symbolique avec les Algériens, accusés plus ou moins directement selon les différentes formulations, de ne pas avoir su, ou voulu, travailler la terre d’Algérie[9].

Un tel rapport à l’histoire entraînait des relations biaisées et ambivalentes entre les habitants de l’Algérie. Éric Savarèse a montré que les Français d’Algérie entretenaient avec les Algériens d’étroites relations inter-individuelles ou professionnelles, alors que toute relation égalitaire à l’échelle des deux groupes était impossible[10]. Ainsi, plus du quart des lettres étudiées rejettent, au nom de jugements de valeurs racistes et culturalistes tout ce qui avait trait au groupe des Algériens et à sa culture. « Les musulmans sont sales et paresseux et ce n’est qu’avec la trique ou en criant très fort comme le fait mon mari qu’on arrive à les faire travailler » assurait la femme du directeur d’une mine[11]. D’autres lettres encore invoquent un caractère congénital, violent et sournois, qui annihilait toute possibilité de promotion sociale algérienne. « Nous les connaissons, ils sont rudimentaires, imperfectibles, limités en possibilités intellectuelles et physiques, la paresse de l’Arabe est congénitale » écrivait à Georges Bidault une Oranaise[12]. À ces critères raciaux venimeux, se joignaient des arguments culturels tout aussi désobligeants. L’épouse d’un chef de clinique d’Alger affirmait qu’elle était « répugnée par leurs mœurs (...( et ne leur donnerait pas ses filles comme épouses »[13]. Ces argumentations xénophobes prenaient aussi la pratique de l’islam pour cible. Le curé du village de Dalmatie, outrepassant largement son rôle de guide spirituel chrétien, écrivait à Georges Bidault que « nos gens savent que l’islam maintient ses adeptes aux approches de la mort, dans une affreuse misère. Que c’est d’abord l’islam, que c’est surtout l’islam que la misère accuse »[14]. Cette vision qui déconsidérait toute culture qui n’était pas celle « des Français de France » selon l’expression idoine communément utilisée par les Français d’Algérie, allait parfois même jusqu’au déni complet de l’histoire des Algériens. Ainsi, Madame C. n’hésitait pas à juger « illégitime la présence des Arabes en Algérie, puisqu’ils étaient des envahisseurs qui avaient pris la place des romains et des chrétiens »[15].

Enfin, à cette panoplie d’images agressives, s’ajoutait l’idée hautement coloniale et communément répandue, que seuls les Français d’Algérie connaissaient les Algériens, ce qui revenait à exiger de la métropole qu’elle ne se mêlât pas de vouloir imposer des principes politiques républicains qui ne pouvaient seoir, d’après elle, aux réalités du pays. Pire encore, s’était développée toute une doctrine qui affirmait solennellement que les Algériens « n’appréciaient pas la faiblesse », qu’ils avaient « le culte de la force »[16]. De là à en abuser, il n’y avait qu’un pas.

Les Français d’Algérie ne dépassèrent jamais les contradictions, trop constitutives de la culture coloniale d’Algérie. Aussi ils attribuèrent sans surprise les causes de la guerre à un ensemble de facteurs, qui rarement prenait en considération l’avis et les désirs politiques des Algériens.

La guerre selon les Français d’Algérie

Dès les prémices de la guerre d’indépendance, les Français d’Algérie ont rendu responsables de l’origine du conflit les partis et organisations politiques qui n’étaient pas les leurs. En mars 1958, le responsable du Mouvement pour une République populaire(MRP) de Bordj-Bou-Arreridj vilipendait la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) qui selon lui « favorisait l’épanouissement de la rébellion »[17]. Un monarchiste dénigrait évidemment la République, tandis que deux antisémites, aux violents accents d’avant-guerre, voyaient dans des « groupes cosmopolites » l’origine de la remise en cause de l’Algérie française[18]. Si les accusations contre les partis républicains n’étaient pas majoritaires, la plupart des lettres envoyées jusqu’en 1960 imputaient, sans aucune surprise, l’origine de la crise aux mouvements communistes extérieurs à l’Algérie. Tenant du réflexe politique, ces courriers ne prêtaient aucune attention aux dissensions qui régnaient depuis longue date entre le Parti communiste algérien et les différents mouvements nationalistes. Le professeur L. d’Alger soutenait que « la guerre [était] dirigée par le Kremlin (et( les membres du parti communiste, ceux-là mêmes qui préparent, organisent le drame, ont mis en place tout le dispositif politico-judiciaire, que Benoît Frachon inspectait en septembre 1954 »[19]. Lorsque ce n’était pas directement l’URSS qui était soupçonnée de guider la main du Front de libération national (FLN), ses alliés, réels ou supposés, étaient appelés à la barre des accusés. Après l’épisode de Suez en novembre 1956, l’Égypte était considérée dans les correspondances comme un pays particulièrement pernicieux. Jean L., président de l’Union syndicale algérienne, affirmait à Monseigneur Feltin que Nasser professait « des menaces aussi graves que celles contenues dans Mein Kampf d’Adolphe Hitler »[20]. La Tunisie, surtout après le bombardement de Sakhiet-Sidi-Youssef et le scandale international qu’il entraîna, était aussi accusée de mener une politique extérieure plus masquée dans ses ambitions socialistes mais tout aussi délétère pour l’Algérie française. Nombreux étaient aussi les courriers qui manifestaient une même hostilité envers les pays alliés de la France. Après l’arraisonnement à Bône, en février 1958, d’un avion transportant des armes, Alain M. affirmait à Georges Bidault, en référence à l’équipage arrêté qui parlait anglais, qu’« il ne serait pas étonnant de voir nos alliés fournir en armes les ennemis de la France et nous offrir en même temps leurs bons offices »[21].

Au-delà de ces explications communes aux opinions colonialistes métropolitaines, qui accusaient à la fois un ennemi intérieur et extérieur fantasmé, d’autres courriers proposaient une lecture locale des causes de la guerre. Léon L., membre de l’académie des Sciences coloniales et délégué du Sahara à l’Assemblée algérienne, dans une lettre adressée à l’ancien Gouverneur Naegelen, exposait ses réflexions ethnologiques et voyait dans « les insurrections périodiques d’Afrique du Nord [...] un réveil des anciennes luttes de sofs », ligues familiales kabyles traditionnelles et non une lutte d’indépendance[22]. D’autres courriers se lançaient dans des explications raciales et xénophobes. Monsieur D., assurait en décembre 1960, que « les Arabes ne savent pas le français et crient des slogans qu’ils ne comprennent pas »[23]. Citons un autre courrier, adressé une fois encore à Marcel-Edmond Naegelen, en décembre 1955, qui arguait que la guerre avait pour seule origine « la satisfaction sadique des Arabes de se gorger de sang »[24]. Un Français accablait les Kabyles « violents et pilleurs »[25], tandis qu’un autre affirmait que l’« Arabe est toujours prêt à piller ou faire de la contrebande »[26]. En s’appuyant sur des animosités existantes, d’autres lettres accusaient quelques professions, voire quelques personnes précisément nommées, d’être à elles seules responsables de la guerre. Monsieur O. incriminait « les exploitants indigènes », comprendre les exploitants algériens, qui contrairement aux Français étaient selon lui « impitoyables pour leurs ouvriers »[27]. Monsieur C. alourdissait quant à lui les accusations et affirmait qu’une « perte de la moralité publique » expliquait le conflit. « Autrefois, les musulmans avaient une grande considération pour le Français, lorsqu’ils disaient “Français de France”, ils avaient tout dit, cela équivalait à “fils de grande tente”[28]. Cette considération a été perdue, surtout par les femmes, [...] dont l’allure de certaines, admise en France, déconsidère les Français aux yeux des musulmans. » Et le voilà d’accuser tour à tour d’être à l’origine de la guerre « certains spectacles qui ne sont pas supportables en Algérie, alors qu’ils le sont en France : films stupides, affiches où il n’y a que des gens qui se tuent, des gangsters [...] des invertis qui se promènent en ville en frétillant du derrière, qui vont même jusqu’à s’habiller en femmes [...] les fonctionnaires invertis, il y en a ».

Restaient enfin, dans ce brouhaha politique confus, quelques militants minoritaires au sein même des mouvements de gauche, qui expliquaient le conflit par la colonisation. Leurs lettres comptent cependant pour moins de 5 % de la totalité des courriers étudiés.

Cette énumération montre bien qu’au plus profond des situations de crise, les Français d’Algérie étaient enchevêtrés dans des interprétations sociohistoriques qui les empêchaient de prendre la mesure du conflit qu’ils subissaient. Une telle pensée ne disparut pas avec l’indépendance et fut, au contraire, complétée par une vision traumatique du rapatriement[29]. Les bateaux surchargés partant d’Algérie à partir de mai 1962, les hébergements d’urgence, l’accueil peu accort des métropolitains sont devenus des référentiels communément partagés pour décrire les départs en urgence de l’Algérie. En revanche, la mémoire collective des Français d’Algérie n’a pas retenu la politique d’intégration créée à leur intention qui, forte de plus de 400 textes de loi, réussit à les émanciper de leur condition de migrant[30].

La permanence en métropole de la vision que les Français d’Algérie avaient de rapports franco-algériens est un héritage culturel colonial, mais est aussi une des conséquences de la politique de communication menée à destination des rapatriés, dès 1962, par le gouvernement de Georges Pompidou, à des fins d’intégration et de pacification.

Le retour des pionniers et la constance d’une vision coloniale

Depuis son retour aux affaires politiques, le général de Gaulle contrôlait étroitement la télévision et la radio afin d’en faire, selon l’expression de Jean-Noël Jeanneney, « un outil politique et social » d’envergure[31]. Ni le général de Gaulle, ni Georges Pompidou ne s’adressèrent directement aux rapatriés, sans doute étaient-ils trop décriés pour le faire. En revanche, les émissions télévisées à grand succès telles Cinq colonnes à la Une, Panorama et Sept jours du monde, traitèrent à quatorze reprises des rapatriés entre 1962 et 1969, et se firent l’écho de la façon avec laquelle le gouvernement entendait que les rapatriés soient désormais considérés en métropole[32]. Ces émissions créèrent de fait une mémoire collective audiovisuelle.

Depuis l’année 1960, les émissions télévisées avaient tiré un portrait au vitriol des Français d’Algérie en évoquant leur caractère séditieux. Après les rapatriements, il s’agissait désormais de faire accepter à la population métropolitaine, tout comme aux Français d’Algérie, que les rapatriés avaient légitimité à être reçus en métropole. Plusieurs séquences télévisées évacuèrent ainsi le souvenir de l’Algérie française. La société algérienne violente, l’église désertée, le cimetière profané, la solitude des Français restés, la culture française en voie de disparition allaient devenir les marronniers des émissions télévisés désormais consacrées à l’Algérie indépendante.

Plus encore, ces émissions participèrent aussi à la construction et à la diffusion du nouveau stéréotype des anciens Français d’Algérie. À leur caractère émeutier succédait désormais l’image d’individus fragilisés selon une modalité affective qui faisait appel à des sentiments de compassion, afin de favoriser leur acceptation en métropole. En effet, le fait de ne pas nier les difficultés des rapatriés, de rappeler qu’ils avaient aussi payé l’impôt du sang dans cette guerre, que tous étaient venus en métropole et non pas les seuls activistes, permettait de susciter la sympathie ou la pitié du téléspectateur, les deux sentiments étant souvent proches. Le sentiment de reconnaissance nationale devait faire le reste. Cinq colonnes à la Une inaugurait sa première émission consacrée aux rapatriés, le 5 octobre 1962, par une séquence durant laquelle Enrico Macias, jeune chanteur pied-noir, chantait avec une émotion sincère et communicative son mal du pays[33]. La seconde séquence de l’émission faisait aussi écho aux problèmes des Français d’Algérie. La séquence du 3 mai 1963, intitulée « Où en sont les Français d’Algérie », ne masquait pas non plus leurs difficultés et les présentaient au contraire sous l’angle d’un troublant vérisme : « Beaucoup ont trouvé à se réinstaller, pour ceux-là pas de problèmes, mais il y a les autres, des dizaines de milliers qui continuent de chercher logement et travail, et les centres de reclassement sont encore remplis de rapatriés. » Un ancien commerçant racontait son tragique départ après l’assassinat de son fils de quatorze ans. Une jeune veuve, mère de trois enfants, disait ne pas avoir reçu d’allocation, son dossier étant toujours bloqué.

Les propos télévisés ne se limitaient pas à la simple fabrique de sentiments empathiques, ils allaient aussi prouver que l’intégration des rapatriés à la métropole était en cours, et plus encore qu’elle était facilitée par leur mentalité particulière. La question de l’intégration des rapatriés à la métropole fut posée dès la première émission consacrée aux rapatriés : « Pour la métropole, ce sera un gain ou un ferment de désordre suivant que ce qui peut être une richesse sera utilisé ou non. Intégrer en quelques mois six à sept cent mille personnes, ce n’est pas chose facile. Mais d’abord l’intégration est-elle possible ? Psychologiquement et matériellement ? » On s’en doute, l’émission allait s’employer, comme toutes celles qui suivirent, à répondre par l’affirmatif. Comme les règles de la communication télévisuelle font qu’une image se retient souvent bien mieux qu’un propos, la séquence allait démontrer, preuves imagées à l’appui, les formes prises par l’intégration en marche. Vouloir montrer l’intégration des rapatriés alors que celle-ci ne donnait pas encore de résultats tenait d’une audacieuse gageure. Pour affirmer que cette intégration était cependant possible, les émissions télévisées allaient jouer avec l’imagerie coloniale en faisant appel, une fois encore, à la fameuse image des pionniers qui collait aux Français d’Algérie. Ces émissions allaient montrer que l’intégration était surtout évidente par le « caractère valeureux » des Français d’Algérie. À peine quelques semaines après les grandes vagues de rapatriement, l’émission Cinq colonnes à la Une d’octobre 1962 montrait que certains agriculteurs rapatriés étaient déjà réinstallés. Près de Toulouse, dix-huit familles originaires du même village d’Oranie avaient acheté en commun 200 hectares. Un long travelling de la caméra montrait des espaces cultivés et dominés. Un autochtone du village, symbole même de la vieille France rurale qui disparaissait, affirmait être un peu choqué par « ces attitudes nouvelles de production », et un ancien métayer affirmait, quant à lui, que le travail des rapatriés était bien meilleur que celui des métropolitains. Le reportage se gardait de mentionner l’année de réinstallation en métropole de ces Français d’Algérie, ce qui laissait sous-entendre que ceux qui venaient à peine d’arriver pouvaient fort bien être déjà en train de cultiver leurs terres. Un autre plan dans la même émission filmait le patron vantant le courage de ces rapatriés dont certains n’avaient pas hésité à se reconvertir pour venir travailler chez lui. Un ancien patron qui assurait n’« avoir presque pas travaillé en Algérie, mais qui faisait travailler les autres » affirmait « ne pas avoir à se plaindre » de sa nouvelle situation. Un ancien contremaître devenu ouvrier semblait lui aussi heureux de son sort et une femme affirmait que si son salaire était inférieur à celui qu’elle recevait en Algérie, « le travail était moins pénible, et l’ambiance meilleure ». Seule une ancienne étudiante apportait un bémol à ce concert de louanges en affirmant que la vie étudiante lui manquait, mais que l’« ambiance dans l’usine était avenante et agréable ». Les émissions suivantes allaient poursuivre la réimplantation en métropole de cette imagerie coloniale éculée, que l’on aurait pu croire disparue avec l’Algérie française. Dans le Midi de la France, dans le Nord, en Corse[34], en Argentine[35], les rapatriés étaient montrés comme des valeureux pionniers qui apportaient richesse aux localités dans lesquelles ils s’installaient, quand ils ne créaient pas une nouvelle commune[36] ! L’émission télévisée Sept jours du monde, diffusée le 15 mai 1964, était un monument érigé à la gloire de ces nouveaux pionniers. Après une crue du Rhône au cours de l’année 1963, des exploitations agricoles de rapatriés, avaient été inondées. L’émission montrait combien les caprices du fleuve n’avaient pas entamé le courage des agriculteurs rapatriés. Un agriculteur était filmé à genoux en train d’arracher des plaques de boue séchée, laissées par le passage du fleuve. Sa femme commentait : « On n’a pas peur des crues, on a confiance dans la vie, sinon on ne ferait rien. » Les anciens pionniers étaient désormais ceux par qui la France allait se moderniser. Le principe était terriblement efficace tant il résonnait dans l’imagerie commune. Les propos de l’émission étaient d’une naïveté sans borne mais d’une efficacité tout aussi équivalente puisque les rapatriés ne pouvaient pas contester leur image de pionniers qu’ils avaient sans cesse défendue en Algérie.

Une mémoire de groupe, même sans cesse activée par le discours télévisuel, n’explique pas à elle seule l’extraordinaire diffusion en métropole de la pensée des Français d’Algérie. Ces derniers, qui étaient électeurs, ont aussi su organiser un travail de pression auprès des hommes politiques et notamment parlementaires[37].

Le relais législatif

Si dès 1962, la politique d’intégration mise en place par le gouvernement était peu critiquée dans son principe, à défaut d’être jugée suffisante, les parlementaires, tous partis et tendances confondus, se firent l’écho des doléances des rapatriés qui réclamaient l’indemnisation des biens qu’ils avaient perdus outre-mer[38]. Afin d’insister auprès des différents membres des gouvernements sur l’urgence de voter une telle mesure, les pieds-noirs furent présentés de façon systématiquement misérabiliste, sans que ne soient jamais mentionnés les résultats de la politique d’intégration mise en place. L’élection de Georges Pompidou à la présidence de la République, le 15 juin 1969, changea la donne. Les efforts financiers consacrés à la réinstallation des rapatriés étaient désormais réduits et en écho à ses promesses de campagne électorale, il impulsa la première loi d’indemnisation des rapatriés. Jugée insuffisante, le discours empathique des parlementaires allait encore être mobilisé afin de conduire au vote des autres lois d’indemnisation du 2 janvier 1978, du 6 janvier 1982 et du 16 juillet 1987. S’il ne s’agit bien évidemment pas de nier les difficultés des rapatriés et le besoin de légiférer qui en découlait, on remarque cependant que chaque majorité législative allait désormais se préoccuper de voter des lois de secours aux rapatriés, au point que la politique publique d’aide aux rapatriés évolua, à partir de la décennie 1980, du principe d’indemnisation vers celui de réparation de la guerre d’Algérie.

Le discours politique considérait à partir du vote de la première loi d’indemnisation que les difficultés rencontrées par un ménage rapatrié, même plusieurs décennies après son arrivée en métropole, étaient dues à son rapatriement. En parallèle, le législateur reconnaissait enfin la situation particulière parmi les rapatriés des « anciens membres des forces supplétives en Algérie en situation de surendettement » et commençait à prendre quelques mesures particulières à leur intention. Parmi de nombreuses lois, citons celle du 6 janvier 1982 qui permettait aux rapatriés agriculteurs en difficultés financières de demander la remise et l’aménagement de leurs prêts. Le décret du 28 août 1987 instituait des remises de prêts, celui du 9 novembre 1987 créait des prêts de consolidation, tandis que la loi du 31 décembre 1992 abandonnait finalement le recouvrement des prêts spéciaux consentis aux rapatriés. Les lois du 28 mars 1994 et du 21 avril 1995 organisaient enfin une aide au désendettement des rapatriés réinstallés dans une profession non salariée.

Dès lors, si le principe de réparation sociale de la guerre d’Algérie avait fini par être adopté par le législateur, il n’y avait aucune raison pour que ce dernier ne finisse par satisfaire les demandes de réparations morales et mémorielles, en permanence réitérées par les associations de rapatriés. Il est édifiant de constater qu’à partir du milieu des années 1980, chaque fois que le Parlement débattait sur les rapatriés, sénateurs et députés se faisaient l’écho de propos colonialistes, hérités du xixe siècle, qui glorifiaient la « mission civilisatrice » de la France, quand ils ne falsifiaient pas l’histoire de l’Algérie. L’idée d’une contre-culture politique, notamment du parti communiste, telle qu’elle a souvent été formulée, est ici à relativiser. Si les parlementaires communistes ne faisaient pas l’apologie de la colonisation, ils étaient aussi oublieux des actes de leur parti, en assurant qu’ils étaient à l’origine de l’indépendance des colonies françaises[39]. En d’autres termes, aucun groupe politique, ne contredit la doxa coloniale et tous laissaient au contraire se tenir les discours les plus apologétiques sur la colonisation française.

Lors des débats à l’Assemblée nationale au cours du mois de décembre 1981, les parlementaires de droite reprochaient au nouveau gouvernement socialiste de ne pas faire référence à l’histoire des rapatriés en Algérie et de ne pas leur rendre hommage pour « le travail accompli »[40]. Six années plus tard, lors des débats de la loi de 1987, les propos étaient tout autres. Le ministre des rapatriés de la nouvelle majorité, André Santini, lors de la séance du 12 juin 1987, proposait « que le débat puisse se dérouler sur le seul plan où il parai[ssait( concevable, de le situer, c’est-à-dire dans la perspective de l’histoire et de la continuité de la nation »[41]. Or, l’histoire appelée à la tribune du Parlement n’était pas particulièrement objective et semblait de toute évidence sacrifiée sur l’autel de l’unité nationale, par les députés de la majorité, mais aussi par les députés socialistes. La guerre d’Algérie était tout d’abord grandement revisitée et le processus qui avait conduit au départ des Français d’Algérie grandement simplifié. Le ministre affirmait que le retour des rapatriés d’Algérie avait été en fait guidé par la raison d’État. Il citait Danton, qui devant la Convention, en 1793, affirmait que « les nobles, les prêtres ne sont point coupables, mais il faut qu’ils meurent parce qu’il sont hors de place, entravant le mouvement, gênant l’avenir »[42]. Ce discours de déculpabilisation qui expliquait les départs de 1962 en omettant l’origine coloniale de la guerre d’Algérie était repris par Jean Bonhomme, député RPR du Tarn-et-Garonne, qui minimisait, non sans faire référence au gaullisme, les violences de l’Organisation Armée Secrète (OAS) :

Si le désespoir a rejeté cette population dans une violence qui n’était en fait qu’une réaction instinctive et collective de légitime défense, comme l’aurait fait toute autre communauté soumise à la terreur aveugle, c’est parce qu’ils n’ont pas été compris [...] alors que notre sollicitude s’épanchait sur le tiers monde et s’épuisait dans une prodigalité de crédits en faveur des pays africains, crédits dilapidés aussitôt qu’attribués, et se faisait de plus en plus aiguë en faveur des victimes de toutes sortes, curieusement, la solidarité nationale est restée muette vis-à-vis de la société française qui avait tout perdu parce que l’ensemble de la société française l’avait ainsi voulu.[43]

De tels propos qui légitimaient de fait la colonisation, en expliquant que les sociétés coloniales n’avaient disparu que par la volonté de la métropole et qui distribuaient les absolutions avec un manichéisme confondant, faisaient aussi des rapatriés des victimes de la société métropolitaine. Paul Alduy, député-maire socialiste de Perpignan, n’hésitait pas à parler de génocide en ce qui concernait les assassinats de harkis et décrivait la lutte contre l’OAS comme l’expression d’un extrémisme[44]. Outre ces volontés de déculpabilisation de la société coloniale et de victimisation de ses ressortissants, les discours prononcés glorifiaient la colonisation. Jacques Farran, élu de Port-Vendres qui venait de recevoir en mai 1987 l’accord du ministre de la Défense pour que le monument qui avait été construit lors du centenaire du débarquement français à Sidi-Ferruch soit reconstruit dans sa circonscription affirmait :

Aucune indemnisation pécuniaire, si importante soit-elle, ne pourra suppléer l’absence de réhabilitation par la France de son œuvre en Algérie et de tous ses morts pour l’Algérie française, civils et militaires, même si la cause pour laquelle ils ont donné leur vie s’est avérée incomprise pour l’instant au regard de l’histoire.[45]

Claude Barate, député RPR des Pyrénées-Orientales et rapporteur de la loi de 1987, donnait le mot d’ordre à la pensée des députés :

Au-delà des divergences d’opinion qui peuvent se manifester, sur ma gauche, quant à l’action que la France a eu à ce moment-là, il est essentiel de montrer que cette action civilisatrice n’a pas porté atteinte aux droits de l’homme, qu’elle s’est au contraire constamment efforcée de développer. Les rapatriés nos frères, ont raison d’être fiers de l’œuvre qu’ils ont accomplie dans leurs pays d’origine et ils peuvent être fiers, aujourd’hui, de voir l’ensemble de la nation française en reconnaître toute la valeur. Encore une fois, Monsieur le secrétaire d’État, ce qui importe, c’est qu’au-delà de l’indemnisation, vous leur apportez l’onction morale dont ils avaient besoin.[46]

Le principe de réparation morale des rapatriés, par la continuité d’un discours colonial qui ne faisait jamais référence aux travaux des historiens sur la société coloniale, pourtant largement diffusés, s’était produit sans aucune polémique. Le vote de la loi du 23 février 2005, qui reconnaissait notamment « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » n’était en rien choquant pour les parlementaires tant le texte se plaçait dans la continuité des débats consensuels qui avaient lieu depuis plus de vingt ans au sein du Parlement. Lors des débats à l’Assemblée nationale du 11 juin 2004, on note, à l’exception du groupe communiste, le parfait accord entre députés sur ce thème mémoriel. Si le groupe socialiste était peu présent le jour des débats, leur représentant en commission, Alain Néri, député du Puy-de-Dôme, n’avait nullement combattu l’article 4. Gérard Bapt, député socialiste de l’Hérault évoquait quant à lui le besoin de reconnaissance des rapatriés et de leur histoire[47]. La même pensée se retrouvait chez les députés de l’UDF, de l’UMP dont le député Michel Diefenbacher affirmait

la ferme volonté de la représentation nationale que l’histoire enseignée à nos enfants dans nos écoles garde intact le souvenir de l’épopée de la plus grande France [...].[48]

L’expression même de « mission civilisatrice » était formulée par Kléber Mesquida, député socialiste de l’Hérault, lui-même rapatrié. En mélangeant drames familiaux et histoire de France, le député donnait une vision tragique de l’histoire des Français d’Algérie particulièrement poignante, afin d’appuyer sa volonté de légiférer l’histoire et la mémoire[49]. Après le vote de la loi, « la boucle était fermée ». La vision des rapports franco-algériens propre aux Français d’Algérie s’était non seulement réimplantée en métropole, mais s’était aussi diffusée au point de devenir une histoire officielle de la France.

 

La vision particulière des Français d’Algérie quant aux rapports entretenus avec les Algériens, avec l’histoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie est non seulement un héritage de la pensée coloniale propre à l’Algérie française, mais était aussi le fruit d’un immense décalage entre mémoire et histoire sans cesse promu par le monde associatif pied-noir. Plus encore, la grande connivence entre la mémoire particulière des rapatriés et celle des parlementaires a évacué tout ce qui touchait aux suites du rapatriement dont les aides mises en place par l’État. Les parlementaires oublièrent que l’histoire coloniale était de fait complexe et qu’une mémoire, même officielle, ne pouvait servir de catharsis à tous les maux, ni réconcilier la société française sur la question de son passé colonial.


[1] Raoul Girardet, L’idée coloniale en France de 1871 à 1962. Paris : La Table ronde, 1972, p. 335.

[2] Raphaëlle Branche, La guerre d’Algérie, une histoire apaisée ? Paris : Le Seuil, 2005, p. 24.

[3] Maurice Halbwachs, La mémoire collective. Paris : Albin Michel, 1997.

[4] Les courriers envoyés à Vincent Auriol, Georges Bidault, Edgar Faure, Marcel-Edmond Naegelen et Paul Reynaud, versés dans la section des archives privées des Archives nationales ont été étudiés. À ce corpus ont été ajoutés les courriers envoyés à l’archevêché de Paris et au consistoire israélite central.

[5] R. Girardet, L’idée coloniale en France de 1871 à 1962, op. cit.

[6] Archives nationales (par la suite AN), 518 AP 1.

[7] AN, 457 AP 106.

[8] Archives historiques de l’Archevêché de Paris (par la suite AHAP), I D XV 1.

[9] Daniel Lefeuvre, « Les pieds-noirs ». In Mohammed Harbi et Benjamin Stora, La Guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de l’amnésie. Paris : Robert Laffont, 2004, p. 267-286 et particulièrement p. 274.

[10] Éric Savarèse, L’invention des pieds-noirs. Paris : Séguier, 2002, p. 201.

[11] Service historique de l’armée de Terre ( par la suite SHAT), 1 H 1252/2.

[12] AN, 457 AP 111.

[13] AHAP, I D XV 12.

[14] AN, 457 AP 106.

[15] AHAP, I D XV 12.

[16] AN, 457 AP 106.

[17Ibid.

[18Ibid.

[19] AN, 518 AP 10.

[20] AHAP, I D XV 12.

[21] AN, 457 AP 108.

[22] AN, 518 AP 11.

[23] AN, 518 AP 1.

[24] AN, 518 AP 10.

[25] AN, 457 AP 106.

[26Ibid.

[27Ibid.

[28] AN, 457 AP 106.

[29] Michèle Baussant, Pieds-noirs, mémoires d’exils. Paris : Stock, 2002, p. 350.

[30] Yann Scioldo-Zurcher, « Faire des Français d’Algérie des métropolitains », Pôle Sud, revue de science politique de l’Europe méridionale, 2006, n° 24, p. 15-28. Cet article s’inspire de mes travaux de doctorat, Devenir métropolitain, politique d’intégration et parcours comparés de rapatriés d’Algérie en métropole. Paris : EHESS, 2006.

[31] Jean-Noël Jeanneney, Une histoire des médias, des origines à nos jours. Paris : Le Seuil, 1996, p. 242. En juin 1962, on évaluait à 84 % le nombre de foyers qui disposaient d’une radio et à 20 % ceux qui avaient la télévision.

[32] L’émission Cinq colonnes à la Une diffusa onze reportages, Panorama deux, Sept jours du monde un.

[33] Institut national de l’audiovisuel (par la suite INA), Cinq colonnes à la Une, « Les Français d’Algérie », 5 octobre 1962.

[34] INA, Cinq colonnes à la Une, « Des Français en Algérie », 10 septembre 1965.

[35] INA, Cinq colonnes à la Une, « Des Français en Algérie », 3 janvier 1964, 4 décembre 1964.

[36] INA, Cinq colonnes à la Une, « Naissance d’une commune : Carnoux », 7 octobre 1966.

[37] Didier Lavrut, « Rapatriés et politique à Nîmes et dans le Gars, 1962-1965 » (à paraître).

[38] Entre 1963 et 1969, à l’Assemblée nationale, le groupe de l’UNR/UDT posa la question de l’indemnisation à sept reprises, le Rassemblement démocratique treize fois, les Républicains indépendants deux fois, le Centre démocrate / Progrès et démocratie moderne dix-huit fois, la Fédération de la gauche démocrate et socialiste douze fois, le Groupe communiste quatre fois, les non-inscrits quatre fois.

[39Journal Officiel de la République française (par la suite JORF), « Débats parlementaires », Sénat, séance du 12 juin 1987, p. 1778. Jean-Luc Bécart, sénateur du Pas-de-Calais affirmait ainsi que le parti communiste avait toujours lutté pour la paix et l’indépendance de l’Algérie, ce qui était un raccourci évident.

[40JORF, « Débats parlementaires », Assemblée nationale, séance du 2 décembre 1981, p. 4363. Ces propos étaient notamment tenus par le député Jean-Claude Godin.

[41JORF, « Débats parlementaires », Sénat, séance du 12 juin 1987, p. 1759.

[42Ibid., p. 1765.

[43JORF, « Débats parlementaires », Assemblée nationale, séance du 25 juin 1987, p. 3167.

[44JORF, « Débats parlementaires », Sénat, séance du 12 juin 1987, p. 1772.

[45JORF, « Débats parlementaires », Assemblée nationale, séance du 25 juin 1987, p. 3159.

[46JORF, « Débats parlementaires », Assemblée nationale, séance du 7 juillet 1987, p. 3720.

[47JORF, « Débats parlementaires », Assemblée nationale, séance du 11 juin 2004, p. 4823.

[48Ibid., p. 4828.

[49Ibid., p. 4839 et suiv.


Citer cet article :
Yann Scioldo-Zurcher, « Existe-t-il une vision pied-noir des rapports franco-algériens ? », colloque Pour une histoire critique et citoyenne. Le cas de l’histoire franco-algérienne, 20-22 juin 2006, Lyon, ENS LSH, 2007, http://w3.ens-lsh.fr/colloques/france-algerie/communication.php3?id_article=213